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Mirena et Méningiome

dimanche 29 avril 2007, par bluegyn_spip

Cher Confrère,

- Votre patiente présente donc un méningiome sévère puisque non opérable et de plus un antécédent probable de phlébite profonde par anomalie de la protéine S.

- Votre question est de savoir

- si le SIU au LVG est compatible avec ces deux antécédents.

La réponse est facile en ce qui concerne l’anomalie de l’hémostase.

- En effet loin d’un épisode trombotique, la contraception micro-progestative est possible, et donc Mirena (Recommandations Anaes 2004).

En revanche prescrire une contraception microprogestative en présence d’un méningiome

- (surtout non opéré) même la plus faiblement dosée (ce qui est le cas pour Mirena) pourrait ne pas être anodin.

- Il n’existe pas d’essai clinique pour aider le prescripteur. Voici quelques éléments que je soumets à votre réflexion et qui pourront être communiqués à votre patiente puisque d’après vos termes il s’agit d’une patiente sympa et cortiquée.

- Les méningiomes sont des tumeurs plus fréquentes chez la femme que chez l’homme (3 pour 1).

- Ils peuvent progresser pendant la grossesse mais le mécanisme n’est pas clair (taux élevé de progestérone ou rétention hydrique). Certains travaux ont montré une association avec le risque de cancer du sein et avec l’obésité. D’autres ont montré une réduction du risque avec la ménopause. Expérimentalement des auteurs ont montré que la prescription de progestérone dans les méningiomes riches en récepteurs à la progestérone fait croître rapidement ces tumeurs. A ce jour toutes les données de la littérature s’accordent pour avancer que 70% des méningiomes expriment des récepteurs à la progestérone et des récepteurs aux androgènes et 30 % des récepteurs aux estrogènes. Leur présence semble indiquer un bon pronostic. A l’inverse les méningiomes les plus agressifs n’auraient que peu ou pas de récepteurs à la progestérone (peut-être que l’agressivité de la tumeur entraîne une perte de l’expression de ces récepteurs). Ainsi selon la WHO le stade I (le plus fréquent, avec moins de 5% de récidives à 5 ans) comprend les méningiomes méningothéliaux riches en récepteurs à la progestérone. Dans notre pratique de gynécologues nous ne prescrivons pas d’estrogènes aux tumeurs estrogéno-dépendantes. Ainsi il peut paraître logique de ne pas prescrire de progestérone en cas de tumeurs éventuellement progestérone-dépendantes. Il faut rappeler que quelques études ont été menées pour évaluer l’effet d’un traitement anti-progestéronique (RU484). Elles n’ont pas été concluantes mais la présence de récepteurs à la progestérone n’a pas été faite !

- Voici pour terminer les recommandations d’un neurologue qui paraissent prudentes mais non excessives (voir références Redondo A 2003) :

- 1- méningiome opéré : - si absence de récepteur à la progestérone : pas de contre-indication à la progestérone - si présence de récepteurs à la progestérone : prescription déconseillée ou prudente sous stricte surveillance neurologique

- 2- méningiome non opéré DONC pas de connaissance de la présence ou de l’absence de récepteurs à la progestérone : prescription déconseillée ou prudente sous stricte surveillance neurologique.

- Le SIU au LVG délivre des taux très faibles de LVN en plasmatique. A ce jour on ne peut savoir si les effets néfastes sont dose-dépendantes. De tels taux peuvent réactiver néanmoins une acné chez des femmes prédisposées.

- La décision en ce qui concerne votre patiente n’est donc pas aisée. Elle découlera d’une convergence d’opinions entre vous, le neurologue et la patiente.

Bien confraternellement,

E.Drapier-Faure


  1. Redondo AFemme, méningiome et traitement hormonal La lettre du neurologue 2003, 2 ;1-3
  1. Whittle IA Meningiomas Lancet 2004 ; 363 ;1535-43
  1. Wahab M meningioma and hormonal influences Climateric 2003 ; 285-292

Messages

  • http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/...

    Climacteric. 2003 Dec ;6(4):285-92.

    Meningioma and hormonal influences.

    Wahab M, Al-Azzawi F.

    Source

    Department of Obstetrics and Gynaecology, George Eliot Hospital, Nuneaton, UK.

    Abstract

    Meningiomas are slow-growing benign brain tumors. The etiology of meningioma is largely unknown, and exposure to high-dose ionizing radiation and coexistence with certain rare genetic conditions explain only a small fraction of the incidence of the disease. The evidence that implicates gender-specific hormones in the pathogenesis of meningioma emanates from data showing increased growth of meningiomas during pregnancy and change in size during menses. Observational data have identified the menopause and oophorectomy as conferring protection against the risk of developing meningiomas, while adiposity is positively associated with the disease. These tumors are also positively associated with breast cancer, although they express a different gonadal steroid receptor repertoire. About 70% of meningiomas express progesterone receptors, while fewer than 31% express estrogen receptors. These observations suggest that progesterone influences tumor growth. A progesterone antagonist such as mifepristone therefore may inhibit tumor growth. The use of hormone replacement therapy in symptomatic postmenopausal women either with previously treated disease or with dormant tumors is discussed, but remains controversial.

    PMID :

    15006250

    [PubMed - indexed for MEDLINE]